TÉTRA, MUETTE ET POURTANT GUILLERETTE !
La vie de La-Soi-Fée continue petit à petit à se dérouler dans l’espoir, l’amitié et la sérénité, entre gros chantiers, dent cassée et premières terrasses d’été…
J’ai rarement été chez le dentiste, ayant eu pour toute ma vie que deux malheureuses et toutes petites caries.
C’était sans compter une de mes auxiliaires de vie préférée qui lors d’un transfert m’a malencontreusement cassée net une dent de devant. Rien à faire, il fallut m’arracher mon incisive de manière définitive !
Ce fut du ressort de Miss Bean de m’emmener chez le dentiste, celle qui au-delà de mes dents cassées tend à s’amuser des petits riens dans un humour corrosif que j’apprécie tellement il est vif. Arrivées dans l’ascenseur… Rien ne va plus, rien à faire, nous voilà coincé entre deux étages qui annonce la séance d’un tout mauvais présage. Il a fallu attendre le coup de fil du réparateur pour nous délivrer de cet ascenseur dans lequel il a fallu nous superposer pour y rentrer.
Une séance plus tard, voilà que j’y retourne avec miss Bean et mon Terrien Préféré pour me l’arracher après avoir soigné mon abcès. Là, à peine arrivé, la tétraplégique que je suis peine à ouvrir la bouche et à déglutir : c’est en voyant arriver la pince que je me sens partir pour d’autres horizons, et des pommes à profusion… Le dentiste se demande ce qui m’arrive, la peur m’a fait fuir… Cependant la dent est arrachée et je suis fatiguée !
Cela ne m’empêche pas de demander un blanchiment que trente années de café et de nicotine ont fini par sacrément griser. C’est mon cadeau de Noël un jour printanier, au cours de laquelle j’ai décidé de rester édentée plutôt que de rester des heures et des sous à essayer de me poser un bridge qui ne peut se faire la bouche fermée !!!
Qu’importe, j’ai mes trente-six dents blanches ! et même quand je sourie, les dents de devant ne se voient pas. Je grimace. Merci la SLA !
Heureusement, les terrasses et les copines sont ouvertes à quelques péripéties : une crêperie fera notre bonheur le jour des 15 ans de mon Moyen-Grand ! Depuis dix ans maintenant, que j’ai la maladie de Charcot, Anaël vit sa vie d’enfant et d’ado en prenant soin de moi dès que son papa s’éloigne d’un pas. C’est un géant au cœur grand mais vu son âge il a aussi tendance à être C. . . ANT ! !
Quant à nos projets, la maison se chamboule e se refait une beauté : isolation extérieure, changement de la chaudière, changement de toutes les fenêtres, volets, isolation cave et grenier, création d’une petite pièce ainsi que d’une nouvelle serre etc… Bref, Mon Terrien Préféré est à fond les ballons, mais j’adore le voir s’épuiser à agrémenter nos petites vies dont il reste le Pilier.
J’aime toujours beaucoup avoir des visites des frangins, frangines, neveux et nièces, cousins, cousines, oncles et tantes, belle famille, parents, qui font de ma tribu familiale un inépuisable fond de compensation moral de mon handicap. Là, j’ai eu l’occasion de voir ma tantine Marie-Claire monter de son sud pour venir papoter avec moi, et…. J’ai adoré ça ! elle fut pour moi, un rocher, bien ancré sur lequel me raccroché dans la furiosité de ma vie d’ado. Je l’ai aimé et ce n’est pas terminé !
Quant à mes petites avancées, j’ai toujours le moral et j’ai maintenant quelques détenus que j’adore former à différents diplômes. Cela demande beaucoup de travail mais les voir motivés et réfléchir sur leurs passés leur donnent envie d’avancer, et ça pour moi, c’est le pied !!!
Quitte à vivre enfermée dans mon petit bout d’humanité à cause de la maladie de Charcot, je trouve un Sens à soutenir ceux qui ont le choix de vivre en toute liberté, mais qui ont pour certains d’entre eux, trébuchés dans une société qui ne laisse que peu de places aux plus paumés….